Alors qu’un autre hiver fait place au printemps, je pense aux cycles de notre travail à l’Ordre ‒ ainsi qu’à la constante du changement. Dehors, le temps se réchauffe et la végétation refait surface une fois de plus, cependant le soleil se lève toujours.
Le présent message sera le dernier que je publie dans Perspective. Comme beaucoup d’entre vous le savent, j’ai annoncé que je prendrai ma retraite à la fin de juillet 2023. Ce fut un privilège de servir en tant que registrateure et chef de la direction de l’Ordre au cours des huit dernières années, notre engagement à l’égard de la protection du public ayant guidé chacune de mes décisions et toutes mes actions.
C’est en gardant à l’esprit la protection du public que je souhaite aborder une question qui préoccupe grandement l’Ordre. Au cours des deux dernières années, l’Ordre a enregistré une augmentation de 107 % du nombre de plaintes reçues pour inconduite sexuelle. Une telle augmentation est profondément inquiétante. Elle constitue également un appel à l’action pour les personnes inscrites qui ont l’obligation déontologique de prendre des mesures en cas de violations des limites professionnelles lorsqu’elles en deviennent conscientes, ainsi que l’obligation légale de signaler les inconduites sexuelles.
À titre de professionnels réglementés, les travailleuses et travailleurs sociaux et les techniciennes et techniciens en travail social sont tenus de maintenir des limites dans leurs relations professionnelles en tout temps. Non seulement les contacts de nature sexuelle entre les personnes inscrites à l’Ordre et leurs clients minent-ils la confiance du public envers les professions, mais ils sont aussi strictement interdits en vertu du Code de déontologie et des Normes d’exercice de l’Ordre et du Règlement sur la faute professionnelle, Règl. de l’Ont. 384/00, pris en application de la Loi de 1998 sur le travail social et les techniques de travail social.
La violation des limites professionnelles et toute forme de contact de nature sexuelle avec un client sont des formes extrêmement graves de faute professionnelle, pouvant entraîner des sanctions susceptibles d’aller jusqu’à la révocation du certificat d’inscription d’une personne inscrite auprès de l’Ordre. Lorsqu’une personne sollicite les services d’une travailleuse sociale ou d’un travailleur social, d’une technicienne ou d’un technicien en travail social, elle cherche à obtenir de l’aide à un moment où elle peut être extrêmement vulnérable. Les personnes inscrites risquent de causer un tort énorme à leurs clients si elles profitent du déséquilibre de pouvoir inhérent à la relation professionnelle ‒ et cet abus de pouvoir n’est jamais aussi évident que lorsqu’elles adoptent des comportements sexuels répréhensibles.
Depuis le lancement de sa campagne de sensibilisation du public en 2019, l’Ordre a constaté une augmentation constante du nombre de plaintes reçues en général. Ces résultats sont tout à fait prévisibles étant donné que selon nos estimations, des millions de membres de la population ontarienne de plus qu’auparavant sont désormais au courant de l’existence de l’Ordre et de son mandat de protection du public.
Le nombre de plaintes liées à l’inconduite sexuelle que l’Ordre a reçues a toutefois augmenté à un rythme beaucoup plus rapide : en 2021, ces plaintes ont représenté 8 % de toutes les plaintes reçues; l’an dernier, ce chiffre est passé à 16 %. Le nombre de cas concernant l’inconduite sexuelle renvoyés au comité de discipline de l’Ordre a augmenté à encore plus rapidement : ces cas représentaient 59 % du nombre total de renvois au comité de discipline en 2022, une augmentation significative par rapport à 25 % en 2021.
Dans le cadre de ses efforts visant à réduire la fréquence des cas d’inconduite sexuelle, l’Ordre a lancé une campagne à multiples facettes en vue de faire la lumière sur cette question, de sensibiliser les parties prenantes à l’importance du respect des limites professionnelles et de veiller à ce que les personnes inscrites, les employeurs et les autres parties comprennent les graves préjudices que les violations des limites et l’inconduite sexuelle causent aux clients. Cette campagne s’adressera aux personnes inscrites à l’Ordre, aux utilisateurs de services et aux employeurs afin de s’assurer qu’ils sont conscients des nombreux outils de protection du public à leur disposition. Dans un premier temps, les lectures obligatoires du Programme de maintien de la compétence de 2023 abordent les limites et l’inconduite sexuelle.
Bien que mon rôle à l’Ordre touche à sa fin, l’engagement ferme de l’Ordre à l’égard de son mandat de protection du public ne changera pas. Je suis convaincue que la nouvelle personne qui occupera ce poste prendra la direction de cette importante campagne et que grâce aux efforts qu’il déploiera, l’Ordre réussira à obtenir une réduction du nombre de cas d’inconduite sexuelle et de violation des limites. Un seul rapport d’inconduite sexuelle est un rapport de trop.
Cordialement,
Lise Betteridge, MTS, TSI
Registrateure et chef de la direction,
Ordre des travailleurs sociaux et des techniciens en travail social de l’Ontario