L’avenir de l’intervention de crise : comment l’ International Crisis Response Association ouvre la voie

En période de crise, l’intervention rapide et adaptée est essentielle à la désescalade et à la sécurité. L’International Crisis Response Association (ICRA) (en anglais seulement), fondée en 2019, a joué un rôle crucial dans le remodelage des interventions en cas de crise de santé mentale en faisant connaitre les options non policières. Aujourd’hui, l’ICRA aide plus de 200 municipalités nord-américaines à établir de tels services.

De la vision à l’action

Les cofondateurs de l’ICRA, Rachel Bromberg et Asante Haughton, ont compris la nécessité de l’intervention non policière en cas de crise de santé mentale et ont commencé leur travail à Toronto. « Nous avons commencé parce que nous voulions un service de crise non policier pour Toronto », dit M^me Bromberg. Depuis, ce qui a débuté comme une initiative locale en 2019 s’est étendu partout au Canada et aux É.-U., reliant des villes qui appliquent des modèles similaires.

Pendant la première année de l’ICRA, le programme CAHOOTS (Crisis Assistance Helping Out on the Streets) (en anglais seulement) mis en œuvre à Eugene (Oregon) était le seul modèle établi d’intervention non policière en situation de crise. D’autres villes, comme Olympia (Washington), ont commencé à mettre en œuvre leur propre programme. L’ICRA a facilité la collaboration par des appels mensuels réunissant un petit groupe de villes. En février 2025, le nombre d’appels était passé à plus de 100 et plus de 200 modèles fonctionnaient au Canada et aux É.-U.

Le modèle du Toronto Community Crisis Service (TCCS)

Le Toronto Community Crisis Service (en anglais seulement) est un excellent exemple de service d’intervention non policière en cas de crise de santé mentale. Les équipes du TCCS travaillent aux côtés des partenaires communautaires, y compris le Centre de santé communautaire TAIBU, 2-Spirited People of the 1st Nations (en anglais seulement), le Gerstein Crisis Centre (en anglais seulement) et l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM), section de Toronto (en anglais seulement). Les équipes offrent un soutien immédiat sous forme de services de désescalade, d’évaluation des besoins et d’intervention à court terme axés sur les soins sensibles aux traumatismes et la réduction des préjudices.

Le but, en plus de stabiliser la crise, est d’orienter la personne vers des soutiens à plus long terme, y compris des services de gestion de cas et de soins de santé.

Transition vers l’avenir

M^me Bromberg mentionne qu’en matière d’intervention de crise, nous sommes dans une période de transition. « Dans 20 ans, la norme de soin pourrait consister à accéder à des modèles non policiers au lieu d’appeler la police en cas de crise de santé mentale », explique-t-elle. Pour les membres inscrits de l’Ordre, ce changement implique de s’adapter aux nouvelles pratiques exemplaires et d’en comprendre les conséquences quant aux interventions de crise dans leur propre travail. M^me Bromberg souligne l’importance de participer à cette transformation. « Chaque collectivité appliquera un de ces modèles. C’est la voie de l’avenir. »

Traiter les préoccupations concernant la sécurité

Les préoccupations courantes liées à l’intervention non policière en situation de crise comprennent la sécurité de l’intervenant et de la personne en crise. M^me Bromberg précise que sur plus de 200 modèles en fonction, aucun intervenant en situation de crise n’a été blessé gravement ou tué. Les équipes d’intervention de crise sont formées à la désescalade de la crise avant qu’elle devienne dangereuse et ne sont envoyées sur place que si l’incident ne comporte ni arme, ni menace immédiate. « Ces équipes traitent des situations où l’intervention policière pourrait entrainer une escalade inutile », dit M^me Bromberg. Lorsqu’une équipe d’intervention de crise est déployée, le risque d’escalade diminue considérablement.

Le bilan de sécurité de ces équipes, combiné à leur efficacité, démontre que l’intervention non policière offre un soutien bienveillant et efficace.

Mesures que la personne inscrite peut prendre

Les travailleurs sociaux et les techniciens en travail social peuvent prendre plusieurs mesures pour prôner ou mettre en œuvre des modèles d’intervention non policière en cas de crise dans leur collectivité :

• Entrer en contact avec des modèles existants, comme le TCCS, pour obtenir des renseignements utiles.
• Prôner un soutien municipal, car l’appui de l’administration locale est crucial.
• Collaborer avec les fournisseurs de soins de santé et les services sociaux pour créer une intervention complète.
• Sensibiliser les collègues et les responsables des politiques aux avantages des services de crise non policiers.
• Sensibiliser en intégrant de l’information sur l’intervention de crise dans les communications (peut être aussi simple qu’une nouvelle signature de courriel).

La personne inscrite peut aussi écrire à l’ICRA à hello@icraconnect.org afin de contribuer au lancement d’un modèle d’intervention communautaire.

M. Haughton encourage les personnes inscrites à exercer leur pouvoir de créer le changement. « Notre pouvoir compte plus que nous le croyons. »

L’avenir de l’intervention de crise

L’avenir de l’intervention de crise est prometteur compte tenu de l’expansion de l’ICRA, qui continue à fournir aux villes les ressources et les connaissances nécessaires au développement et au perfectionnement de leurs services. Les modèles non policiers se révèlent fructueux dans un grand éventail de collectivités, y compris celles caractérisées par des niveaux élevés d’immigration, de pauvreté et de diversité.

M. Haughton mentionne l’impact sociétal général du travail accompli par les membres de l’Ordre. « La personne inscrite est souvent confrontée à des problèmes qui reflètent les grands enjeux sociétaux. Le fait d’en prendre acte leur permet de s’organiser et de traiter ces problèmes de front », dit-il.

M^me Bromberg offre une analogie convaincante : « Prenez le système 9-1-1, qui a été développé dans les années 1960. Il n’a pas toujours été là; pourtant, il est devenu la norme en deux générations. L’intervention non policière en cas de crise deviendra surement la norme elle aussi. »

L’appel à l’action est clair : prônez ces modèles transformateurs, participez-y et appuyez-les. À mesure que le futur de l’intervention de crise se concrétise, son développement exige une participation active. En prônant ces services, nous pouvons bâtir un système plus bienveillant et plus efficace qui privilégiera les soins plutôt que la criminalisation, et la guérison plutôt que le préjudice.